L’Ufolep structure l’action de ses comités avec un dispositif aujourd’hui soutenu par le ministère de l’Intérieur, explique Adil El Ouadehe, DTN adjoint sport société.
Quelle est l’origine du dispositif Primo-Sport développé aujourd’hui par l’Ufolep avec l’appui du ministère de l’Intérieur ?
Quand un nombre significatif de nos comités développent des actions assez similaires, nous créons un dispositif national pour les épauler et favoriser davantage d’initiatives en ce sens. C’est précisément le but de Primo-Sport pour les interventions auprès des primo-arrivants, réfugiés et demandeurs d’asile. Les financements du ministère de l’Intérieur sont ensuite venus comme une opportunité. Nous aurions de toute façon développé ce programme qui correspond aux priorités fédérales et s’inscrira dans la durée, au-delà des subventions. Il concerne à ce jour une trentaine de comités, avec de 10 à 100 bénéficiaires.
De quel ordre est le financement actuel du ministère de l’Intérieur ?
C’est une enveloppe de 330 000 € sur 3 ans, redistribuée sous la forme d’aides allant de 1000 à 4000 € auprès des comités : accompagnement des actions, dotations en textile et en matériel, aide à la prise de licence, organisation d’évènementiels… L’objectif, lui, est clair : accès à une pratique sportive régulière, éducation par le sport, insertion sociale et professionnelle.
En quoi consiste précisément Primo-Sport ?
C’est un programme en trois volets, avec des objectifs différents. Premièrement, un retour à l’activité physique tourné vers le bien-être, sur 3 mois. Deuxièmement, un programme sur 6 mois élargi à des espaces de parole tournés vers la citoyenneté. Troisièmement, des parcours d’engagement (formation aux premiers secours, Service civique) et de formation aux métiers du sport, selon la formule éprouvée du « parcours coordonné », avec préparation du Certificat de qualification d’animateur de loisirs sportifs (CQP ALS) et du brevet d’aptitude à la fonction d’animateur (Bafa). Ils ne sont pas conçus pour passer de l’un à l’autre : c’est l’un des trois, selon le bilan initial établi avec les intéressés et les structures qui les accompagnent.
Pour en revenir aux deux premiers volets, ils s’appuient sur des dispositifs existants, qu’ils soient d’apprentissage (« J’apprends à nager », Savoir Rouler à Vélo), de réathlétisation (A Mon Rythme) ou d’appui à la pratique sportive féminine (Toutes Sportives). À cela s’ajoute la possibilité de participer à des évènementiels comme UfoStreet ou le Playa Tour.
Ces personnes sont-elles licenciées à l’Ufolep ?
Oui, par l’intermédiaire de la structure d’accueil, affiliée à l’Ufolep. Il y a seulement deux exceptions où la licence est prise auprès d’une association sportive classique. Nous ne sommes pas dans le cas de figure où des primo-arrivants sont accueillis en club pour leurs performances sportives, avec parfois tout un village qui se mobilise pour la « régularisation » d’un joueur. Il s’agit avant tout d’une pratique loisir, généralement hebdomadaire.
Il est prévu un kit de pratique floqué Ufolep pour les bénéficiaires : survêtement, T-shirt, sac-à-dos, gourde, licence) : pourquoi ?
Il y a d’abord l’aspect pratique : posséder une tenue de sport. Il y a ensuite l’aspect symbolique : leur dire qu’ils font partie de la famille « Ufolep ». Et quand on voit déjà l’effet auprès de nos animateurs et salariés, on peut imaginer la puissance du ressenti.
Ce dispositif se met en place dans le contexte d’un afflux de réfugiés ukrainiens…
Oui, et on a pu voir à cette occasion que la question de l’accueil est traitée beaucoup plus facilement que pour des réfugiés extra-européens. Au-delà de l’urgence de la crise ukrainienne, n’oublions pas les autres réfugiés, et profitons-en pour réaffirmer qu’il faut ouvrir la porte à tous. C’est malheureux, mais si ce contexte permet de « normaliser » la question de l’accueil de tous les réfugiés, de cette tragédie sortira aussi quelque chose de positif.